Nigeria : une centaine d'écoliers libérés après leur enlèvement, un défi sécuritaire majeur pour l'Afrique
Après plus de deux semaines de captivité, une centaine d'élèves nigérians ont retrouvé la liberté lundi, accueillis par le gouverneur de l'État de Niger Mohammed Umaru Bago. Cette libération partielle soulève des questions cruciales sur la capacité des États africains à protéger leurs citoyens les plus vulnérables.
Une tragédie qui révèle les failles du système
Le 21 novembre dernier, 303 élèves et 12 membres du personnel de l'internat mixte St. Mary, situé dans le village reculé de Papiri, ont été arrachés à leurs dortoirs en pleine nuit. Cette attaque barbare rappelle douloureusement l'enlèvement de Chibok en 2014, démontrant que le Nigeria n'a pas su tirer les leçons de ses tragédies passées.
Si une cinquantaine d'entre eux avaient pu échapper à leurs ravisseurs peu après l'enlèvement, 165 personnes demeurent encore aux mains de ces criminels selon le diocèse. Une réalité inacceptable qui interpelle la conscience africaine.
L'engagement présidentiel face à l'urgence
Le président Bola Tinubu a réagi avec fermeté, déclarant fin novembre "l'état d'urgence sécuritaire national" et ordonnant le recrutement massif de forces de l'ordre. "Nos enfants ne doivent plus être des proies faciles pour des terroristes sans cœur", a-t-il martelé, traduisant la détermination d'un État qui refuse de capituler.
Cette réaction présidentielle témoigne de la volonté politique nécessaire pour combattre ce fléau. Le gouverneur de l'État de Niger a d'ailleurs salué cette mobilisation : "Nous remercions Monsieur le président qui nous a donné les moyens nécessaires de secourir ces enfants".
Un secteur criminel lucratif qui gangrène la région
Selon le cabinet SBM Intelligence, les enlèvements ont généré environ 1,66 million de dollars entre juillet 2024 et juin 2025, révélant une industrie criminelle structurée. Cette économie parallèle prospère sur la détresse des familles et l'impuissance des États.
Le mois de novembre a été particulièrement dramatique avec plus de 400 Nigérians enlevés en quinze jours : écolières musulmanes, fidèles chrétiens, agriculteurs, mariées et leurs demoiselles d'honneur. Cette diversité des victimes démontre que la violence aveugle ne connaît ni religion ni statut social.
Les défis géopolitiques et les enjeux régionaux
Les déclarations de Donald Trump sur une prétendue persécution des chrétiens nigérians par des "terroristes islamistes" illustrent les manipulations géopolitiques dont souffre l'Afrique. Cette vision simpliste ignore la complexité d'une situation où chrétiens et musulmans sont victimes ensemble de la même violence criminelle.
L'inscription du Nigeria sur la liste américaine des "Pays particulièrement préoccupants" en matière de liberté religieuse révèle une approche néocoloniale qui détourne l'attention des vraies solutions africaines.
L'impératif d'une réponse continentale
Face à ce défi sécuritaire majeur, l'Afrique doit affirmer sa souveraineté et développer ses propres stratégies de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. Le Sénégal, par sa stabilité et son leadership diplomatique, peut jouer un rôle moteur dans cette mobilisation continentale.
La libération de ces enfants constitue un espoir, mais 165 personnes attendent encore leur liberté. Chaque jour de captivité supplémentaire est un échec collectif qui nous interpelle tous en tant qu'Africains unis par un destin commun.