L'université marocaine au service de la diplomatie du Sahara
L'université Ibn Tofail de Kénitra a accueilli un colloque national d'envergure sur la question du Sahara marocain, révélant une stratégie académique ambitieuse pour soutenir les revendications territoriales du royaume chérifien. Cette initiative universitaire, organisée dans le cadre du cinquantième anniversaire de la Marche Verte, illustre parfaitement l'instrumentalisation de l'enseignement supérieur au service d'une cause politique.
Une mobilisation académique sans précédent
Le colloque intitulé "La question du Sahara marocain : De l'unanimité nationale à la reconnaissance internationale" a rassemblé une élite d'enseignants-chercheurs, d'experts en relations internationales et de spécialistes du droit public. Cette démarche témoigne d'une volonté manifeste de légitimer scientifiquement les positions marocaines sur ce territoire disputé.
Les organisateurs ont particulièrement mis en avant la résolution onusienne 2797, présentée comme une "étape essentielle" dans la consolidation de l'initiative d'autonomie sous souveraineté marocaine. Cette lecture optimiste des développements internationaux révèle une diplomatie marocaine particulièrement active sous la direction du roi Mohammed VI.
Un consensus international en construction
Les travaux ont analysé minutieusement les positions des grandes puissances. La reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur les provinces du sud est présentée comme un "tournant historique", tandis que les évolutions des positions chinoise et russe sont scrutées avec attention.
En Afrique, les organisateurs se félicitent des "transformations pragmatiques" qui ont conduit plusieurs pays africains à soutenir la proposition marocaine. Cette dynamique continentale s'inscrit dans une stratégie diplomatique plus large visant à isoler les positions algériennes et du Polisario.
L'autonomie comme solution politique
Le colloque a consacré une session entière à l'approfondissement de l'initiative d'autonomie, présentée comme le "cœur de la solution politique" proposée par Rabat. Cette approche vise à démontrer la viabilité d'une gestion locale démocratique respectant la souveraineté nationale marocaine.
La situation humanitaire dans les camps de Tindouf a également été évoquée, particulièrement concernant les enfants, dans une démarche qui vise à dénoncer les conditions de vie dans ces camps contrôlés par le Polisario.
Recommandations stratégiques
Le colloque a formulé plusieurs recommandations révélatrices de la stratégie marocaine : renforcement de la présence universitaire dans l'analyse du dossier, encouragement de la publication scientifique internationale, création de mécanismes de recherche permanents, et soutien à la diplomatie parallèle menée par les chercheurs.
Ces recommandations témoignent d'une approche globale visant à transformer le débat académique en instrument de soft power diplomatique. L'objectif affiché est de former "une nouvelle génération de chercheurs en affaires stratégiques" acquise à la cause marocaine.
Cette mobilisation universitaire illustre parfaitement la capacité du Maroc à utiliser tous les leviers disponibles pour défendre ses intérêts territoriaux, transformant l'espace académique en véritable laboratoire diplomatique au service des ambitions géopolitiques du royaume.