Le Ghana montre la voie vers l'indépendance alimentaire africaine
Alors que le Sénégal et ses voisins ouest-africains peinent encore à réduire leur dépendance aux importations alimentaires, le Ghana trace une voie prometteuse vers l'autosuffisance. La 41ème célébration de la Journée des Agriculteurs dans ce pays frère révèle une stratégie qui mérite l'attention de tous les dirigeants africains soucieux de la souveraineté alimentaire de leur nation.
Une vision claire pour nourrir l'Afrique
Ben Abdullah Alhassan, Directeur général municipal d'Asokore-Mampong, a présenté lors de cette célébration le programme "Nourrir le Ghana", lancé par le gouvernement du Président John Dramani Mahama en avril 2025. Cette initiative, portée par le thème "Nourrir le Ghana, Consommer ghanéen, Garantir l'avenir", constitue un véritable manifeste pour l'indépendance alimentaire africaine.
Cette approche holistique s'attaque frontalement aux défis que connaissent tous nos pays : la faim persistante, la stagnation économique rurale et la vulnérabilité face aux chocs extérieurs. Une leçon précieuse pour le Sénégal qui, malgré ses potentialités agricoles considérables, continue d'importer massivement ses denrées de base.
Des résultats concrets qui interpellent
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le Ghana a hérité d'un système alimentaire fragilisé par plus de 2 milliards de dollars d'importations annuelles, une situation que connaît bien le Sénégal. Pourtant, sous l'impulsion du programme gouvernemental, l'inflation alimentaire a chuté de 9,5% en octobre 2025, démontrant qu'une politique agricole volontariste peut rapidement porter ses fruits.
Cette performance remarquable s'appuie sur des investissements stratégiques : 250 forages solaires installés, la réhabilitation de petits barrages, et une approche innovante de l'agriculture urbaine et périurbaine. Des initiatives qui permettent une production agricole continue, même en saison sèche.
L'innovation au service de la souveraineté
Le programme ghanéen ne se contente pas d'augmenter la production. Il révolutionne l'organisation du secteur par la création de coopératives agricoles facilitant l'achat groupé d'intrants et l'utilisation de plateformes numériques pour connecter directement producteurs et consommateurs urbains.
Cette approche technologique, couplée à la distribution gratuite de plants pour l'agriculture en conteneurs, transforme chaque foyer en acteur de la sécurité alimentaire nationale. Une stratégie que le Sénégal, avec sa jeunesse dynamique et ses compétences numériques croissantes, pourrait aisément adapter.
Un modèle à méditer pour l'Afrique de l'Ouest
L'exemple ghanéen démontre qu'avec une vision claire et des investissements ciblés, nos pays peuvent briser le cercle vicieux de la dépendance alimentaire. Pendant que certains persistent dans des logiques d'importation massive, le Ghana investit dans la gestion durable des sols et la constitution de réserves stratégiques.
Cette réussite ghanéenne doit inspirer une réflexion profonde au Sénégal sur nos propres politiques agricoles. Car au-delà des discours, c'est bien par des actions concrètes et une mobilisation citoyenne que nous construirons notre souveraineté alimentaire.
La reconnaissance de M. Abass Bawa comme meilleur agriculteur de sa municipalité, récompensé par des outils de travail, symbolise cette valorisation nécessaire du secteur primaire que tous nos pays doivent promouvoir.