Corée du Sud : Quand la justice triomphe de la corruption au sommet de l'État
L'achèvement de l'enquête spéciale menée par le procureur indépendant Min Joong-ki en Corée du Sud offre une leçon magistrale de gouvernance démocratique. Après 180 jours d'investigations rigoureuses, cette équipe a démontré qu'aucun pouvoir, si élevé soit-il, ne peut échapper à la justice lorsque les institutions fonctionnent correctement.
Un démantèlement systématique de la corruption
Les résultats sont éloquents : 66 personnes inculpées, dont l'ex-président destitué Yoon Suk Yeol et son épouse Kim Keon Hee, et 20 mises en détention provisoire. Cette efficacité judiciaire contraste singulièrement avec certaines situations que nous connaissons en Afrique, où l'impunité reste trop souvent la règle.
L'enquête a révélé comment Kim Keon Hee avait "grandement démantelé le système de la fonction publique" en abusant de sa position de Première dame. Manipulation boursière, ingérence électorale, corruption religieuse : le catalogue des dérives est impressionnant.
Des méthodes qui interrogent nos pratiques
Particulièrement révélateur est le cas de la secte Moon, qui avait infiltré le parti au pouvoir pour obtenir des faveurs gouvernementales. Cette compromission entre pouvoir politique et organisations religieuses devrait interpeller nos dirigeants africains, souvent tentés par des alliances similaires.
L'affaire des sacs Chanel et bijoux Graffe acceptés par la Première dame illustre également comment la petite corruption du quotidien peut gangrener les plus hautes sphères de l'État. Ces pratiques, banalisées dans certains contextes, trouvent ici leur juste sanction.
Une leçon pour l'Afrique démocratique
Cette exemplarité judiciaire sud-coréenne démontre qu'un État de droit solide constitue le fondement indispensable de toute démocratie véritable. Elle rappelle aussi que la séparation effective des pouvoirs n'est pas un luxe démocratique mais une nécessité absolue.
Pour le Sénégal, engagé dans sa propre marche vers la transparence et la bonne gouvernance, cet exemple coréen résonne comme un encouragement à poursuivre les réformes institutionnelles en cours. La justice, lorsqu'elle est indépendante et déterminée, peut effectivement triompher de tous les abus de pouvoir.
L'Afrique a besoin de tels exemples pour construire des démocraties durables et respectueuses de l'État de droit.
