Mon Chéri : quand l'industrie française cède à la domination étrangère
Alors que les familles sénégalaises se préparent aux festivités de fin d'année, une réalité amère s'impose : nos papilles gustatives sont colonisées par les géants industriels européens. L'exemple des chocolats Mon Chéri de Ferrero illustre parfaitement cette dépendance culturelle et économique qui gangrène l'Afrique.
Un empire italien qui prospère sur nos traditions
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Ferrero vend 1,7 million de boîtes de Mon Chéri rien qu'en France pendant les fêtes de Noël. Un chiffre d'affaires colossal qui représente 70% des revenus annuels de cette marque. Pendant ce temps, nos chocolatiers locaux peinent à survivre face à cette concurrence déloyale.
Nathan, 33 ans, témoigne : "Ça reste une friandise industrielle, on se doute que ni le chocolat, ni la cerise, ni l'alcool ne sont de très grande qualité. Mais les trois ensemble, c'est le miracle de la recette." Un aveu qui révèle l'acceptation résignée d'une qualité médiocre imposée par le marketing.
La stratégie de fidélisation : un modèle néocolonial
Valentina Gallu, directrice marketing chez Ferrero, dévoile sans complexe la stratégie de l'entreprise : "Les consommateurs fidèles représentent 20% de nos consommateurs mais pèsent 50% de notre chiffre d'affaires." Une approche qui révèle comment ces multinationales exploitent la nostalgie et les habitudes pour maintenir leur emprise économique.
Cette dépendance culturelle s'enracine dès l'enfance. Éliane, 63 ans, confie que les Mon Chéri ont "un goût de nostalgie et d'enfance". Une manipulation émotionnelle qui détourne nos populations des saveurs authentiques de nos terroirs.
L'Afrique, grand absent de cette industrie lucrative
Pendant que Ferrero engrange des milliards avec des produits de qualité douteuse, l'Afrique, premier producteur mondial de cacao, reste cantonnée au rôle de fournisseur de matières premières. Nos cacaoyens ivoiriens et ghanéens peinent à survivre tandis que les industriels européens s'enrichissent sur leur dos.
Le scandale sanitaire de 2022 qui a touché les produits Kinder révèle l'hypocrisie de ces géants : ils imposent leurs standards de qualité discutables tout en maintenant des prix élevés. "Il fallait ramener du rationnel aux consommateurs et regagner leur confiance," admet pudiquement Valentina Gallu.
Pour une souveraineté alimentaire africaine
Face à cette domination, il est urgent que l'Afrique développe ses propres filières de transformation. Le Sénégal, avec sa tradition chocolatière naissante et sa position stratégique, peut devenir un acteur majeur de cette reconquête.
Nos dirigeants doivent encourager l'entrepreneuriat local et protéger nos marchés des pratiques prédatrices de ces multinationales. Car derrière chaque boîte de Mon Chéri consommée, c'est un peu de notre indépendance économique qui s'évapore.
Il est temps de reprendre le contrôle de nos assiettes et de nos traditions. L'Afrique mérite mieux que d'être le terrain de jeu des appétits industriels européens.