Maroc : Une stratégie d'offshoring qui inspire l'Afrique de l'Ouest
Alors que le Sénégal cherche à diversifier son économie numérique, l'expérience marocaine en matière d'externalisation des services offre des enseignements précieux. Le royaume chérifien vient de lancer une ambitieuse "Offre offshoring Maroc" qui mérite l'attention de nos décideurs.
Un modèle économique à méditer
Le gouvernement marocain déploie une stratégie audacieuse pour consolider sa position mondiale dans les services externalisés. L'objectif affiché : créer 130.000 emplois d'ici 2026, dont 50.000 dès l'année prochaine. Une ambition qui interpelle quand on sait que le Sénégal peine encore à exploiter pleinement son potentiel dans ce secteur porteur.
Youssef Chraïbi, président de la Fédération marocaine de l'externalisation des services, l'affirme sans détour : "Le timing n'a rien d'un hasard. Le secteur avait besoin d'un nouveau souffle". Cette lucidité contraste avec l'immobilisme que l'on observe parfois dans certaines capitales ouest-africaines.
La technologie au cœur de la transformation
Ce qui frappe dans l'approche marocaine, c'est sa vision stratégique. Le royaume ne mise plus uniquement sur les coûts compétitifs, mais sur la valeur ajoutée technologique. Intelligence artificielle, automatisation, services haut de gamme : Rabat comprend que l'avenir appartient aux pays qui sauront allier compétences humaines et innovation technologique.
"C'est un plan de relance ciblé pour faire du Maroc un hub de services externalisés à haute densité technologique", précise Chraïbi. Une leçon que le Sénégal, avec ses atouts en matière de formation et de stabilité politique, pourrait méditer.
Des défis partagés en Afrique
L'analyse de Chraïbi révèle des défis que connaît bien l'Afrique de l'Ouest : pénurie de talents IT, concentration géographique excessive, inefficience de certains dispositifs de soutien. Des problématiques que Dakar pourrait anticiper en s'inspirant des solutions marocaines.
Le dirigeant marocain mise sur la formation et la reconversion : "Ce sont nos talents qui utiliseront l'IA pour remplacer ceux qui pensent pouvoir lui résister". Une philosophie qui résonne avec les ambitions du Plan Sénégal Émergent en matière de capital humain.
L'Afrique face à la concurrence mondiale
Si le Maroc fait face à la concurrence de l'Europe de l'Est et de l'île Maurice, le Sénégal dispose d'atouts similaires : position géographique stratégique, main-d'œuvre francophone qualifiée, stabilité institutionnelle. L'expérience marocaine démontre qu'avec une vision claire et des moyens adaptés, l'Afrique peut s'imposer sur le marché mondial de l'externalisation.
Cette initiative marocaine interpelle nos dirigeants : quand le Sénégal lancera-t-il sa propre offensive dans ce secteur d'avenir ? L'heure n'est plus aux tergiversations mais à l'action déterminée pour ne pas laisser nos voisins prendre une avance décisive dans cette course à la modernité économique.