RDC-Israël : quand la diplomatie africaine défie l'Union africaine
La visite éclair du président israélien Isaac Herzog en République démocratique du Congo soulève des questions cruciales sur l'autonomie diplomatique africaine face aux positions traditionnelles de l'Union africaine.
Une diplomatie pragmatique qui fait débat
En 24 heures, Isaac Herzog a parcouru deux capitales africaines : Lusaka en Zambie, puis Kinshasa pour rencontrer Félix Tshisekedi. Cette offensive diplomatique israélienne en Afrique centrale révèle une stratégie bien rodée de Tel-Aviv pour briser son isolement international.
Selon le professeur Alain Edinkom, spécialiste de politique étrangère, "la visite du président israélien constitue un soutien pour la République démocratique du Congo. Israël attend un soutien du Congo et le Congo vice-versa par rapport à certains comportements israéliens sur la scène internationale".
L'intérêt national avant tout
Face aux critiques de l'Union africaine, traditionnellement alignée sur la cause palestinienne, Kinshasa assume ses choix. Stéphane Kankanga, de l'Université de Kinshasa, le rappelle avec force : "Toute action étatique est rationnelle. Si la visite d'Israël a plus d'impact que la position de l'Union africaine, nous applaudissons la visite d'un partenaire important".
Cette position pragmatique tranche avec le consensus africain habituel. La RDC, riche de ses ressources naturelles, revendique son droit à une diplomatie indépendante, quitte à bousculer les équilibres régionaux.
Des promesses qui restent lettre morte
Le projet de transfert de l'ambassade congolaise de Tel Aviv à Jérusalem, annoncé il y a deux ans par Tshisekedi, n'a toujours pas vu le jour. Cette promesse, qui aurait constitué un geste diplomatique majeur, s'est heurtée aux pressions internationales.
Actuellement, l'ambassade israélienne à Luanda continue d'assurer les services diplomatiques pour la RDC, témoignant d'une normalisation encore inachevée des relations bilatérales.
Une Afrique qui s'affirme
Pour Germain Kuna, professeur de Sciences politiques, la RDC dispose d'atouts suffisants pour ne pas "tendre la sébile" : "Nous avons un pays de loin plus riche qu'Israël. La RDC doit sortir de ce carcan dans lequel il faut toujours attendre un appui des pays étrangers".
Cette visite illustre les mutations géopolitiques africaines, où les États revendiquent leur souveraineté diplomatique face aux positions collectives parfois paralysantes. Une leçon que d'autres capitales africaines observent avec attention.